Nationale 7

Sur l’bord d’la route,  de mon village

Moitiés de maisons et gens qui marchent

Vélos qui couinent et qui zig-zaguent

A mon côté une fille bien sage

D’la soupe dans l’auto radio

Machine à voyager dans le temps

Bonne sœur derrière son volant

P’tite fille sur la tête un fagot

Sur l’bord d’la route de Fiana’

Des zébus qui roulent du cul

Fumées de gasoil et feux de bois

Et puis du vert à perte de vue

Des chapeaux de paille pleins d’chapeaux de paille

Quelques casquettes et  des vélos

Du linge étendu près de l’eau

Une maman sur un porte-bagages

Planches de bois débordent d’un chariot

Nuage blanc qui veille sur toi

Une partie d’foot quatre contre trois

P’tits garçons qui vendent des oiseaux

Un pêcheur au bout d’son bambou

Des camions en boîte de conserve

A côté de moi la fille rêve

Des enfants qui courent de partout

Triangles fluos voitures en pannes

Etals de pommes et de pêches

Sur l’bitume tapis d’riz qui sèche

Dans les champs épis qu’on fane

Madagascar Nationale 7

D’Tana à Fianarantsoa

Le chauffeur fait bien gaffe aux trous

Moi aux bornes tous les kilomètres

Rivières où coule l’eau argileuse

Petits palais faits en briques rouges

Beignets frits vingt centimes les douze

Marchande en guenilles grâcieuse

Un clocher dans chaque village

Ma voisine chante avec la radio

Enfant cherche l’or dans l’caniveau

Et toi dans ton lamba tu nages

Dans les collines dans les vallées

A moins de soixante kilomètres heure

Tu t’fais madagascariser.