La reine des abeilles

j connais un p’tit garçon d quatre ans

qui dort près d moi en ronronnant

de temps en temps y grince des dents

et moi j’m inquiète amoureusement

 

il adore jouer a la bagarre

ça sera jamais une petite fille

j’dois accepter que c’est trop tard

un skylander dans la famille

 

y a spider Man sur ses chaussettes

qui m’met des coups d’pieds dans la tête

quand y vise bien j suis fier de lui

comme un putain d maso que j’suis

 

j connais un p’tit garçon d quatre ans

a qui j dis que j l aime tous les jours

surtout quand j’me dis qu’j’ai pas le temps

comme quoi ça sauve une vie l amour

 

j connais un p’tit garçon d quatre ans

qui m dit qu’ j’suis beau comme sa maman

pour mieux m’ taxer mon téléphone

pour des parties de temple run

 

j suis vraiment  fier de le connaître

tout l’monde le kiffe dans le quartier

pas comme le fils du garde champêtre

qui tire partout au pistolet

 

la boulangère qu’est très jolie

quand y veut bien de ses chouquettes

sur sa bouche elle fait une zebi

pour elle c’est le client de siècle

 

après on s’ fait un débriefing

pour jauger l degré d politesse

qu’il a mis au cours d’ce meeting

avec cette gentille pécheresse

 

mon fils c’est un bon musulman

même si l est d’religion catholique

y dit bonjour merci tout l’temps

et ça lui donne un petit air chic

 

y connaît plein d chansons puissantes

qu’y chante à la caisse du Franprix

ça fera 26 euros cinquante

on vas s’faire d’la tune  avec lui

 

quand j lui ai déjà dit que j l’aime

que j’suis sûr qu’ il a bien compris

ben j lui redis encore une fois

pour les jours ou y fera grand froid

 

quand on s’est pas vu d’puis l’matin

moi Gepetto lui Pinocchio

on est content d’se retrouver

saute dans mes bras mon p’tit pantin

 

et quand y prie la bonne étoile

a genoux sur le bord d’la baignoire

que la fée bleue ouvre son voile

sur l boulevard Simon Bolivar

 

y demande au bon dieu poliment

de protéger papa et maman

papy mamy tata Véro

et puis d’savoir faire du vélo

 

j connais un p’tit garçon d quatre ans

pour qui j ai écrit ce poème

dans mes yeux brillent ici maintenant

des larmes d une tendresse extrême

 

moi je voudrais arrêter le temps

et puis aussi de vivre des choses

alors j le laisse faire doucement

en tentant d pas forcer la dose

 

quand y rigole dans son sommeil

j’me sens comme la reine des abeilles

c’est beau de regarder la vie

les hommes quand y sont tout petits

 

si les p’tites cochonnes le mangent pas

ce p’tit gars j crois qu’ il servira

à embellir la galaxie

comme y fait dans les rue d’paris